samedi 31 janvier 2015

Écrire un scénario vert : l'écologie pour le jeu de rôle

Ce mois-ci, je ne vous propose pas de vous transformer en militant écologiste et de changer vos convictions personnelles si vous êtes du genre chasseur-pollueur-et-tueur-de-PJ. Il se trouve simplement que le prochain colloque Bob le Rôliste approche à grands pas, et que son thème est Green Bob. J'ai donc pensé à vous, MJ qui ne triez pas vos déchets et laissez vos veilleuses allumées, et je vous ai concocté un petit condensé de ce que vous devez savoir pour concocter un scénario dans le thème. Et pour les MJ qui renouvellent chaque année leur adhésion aux Amis de la Terre mais qui manquent malgré tout d'inspiration, rendez-vous directement à la fin de l'article pour une surprise !


L'état du monde : un constat alarmant

Ne soyons pas catastrophiste : la fin du monde que nous connaissons est imminente, c'est une quasi-certitude, mais nous aurons au moins la surprise de voir quel retour de bâton des activités humaines on va se manger le plus sévèrement, et puis peut-être même, si nous y survivons, comment l'humanité va se dépatouiller avec ça.


Le pic pétrolier et l'épuisement des ressources

Qui l’ignore, franchement ? Le pétrole, c’est la guerre, rien d’autre. Et avant cela, l’entubage, les menaces, le chantage, l’extorsion, les équipes hautement spécialisées. - Fabrice Nicolino, Charlie Hebdo du 29 octobre 2014.

Quand on parle écologie, le pic pétrolier n'est pas spontanément ce qui nous vient en tête... Il est vrai qu'au niveau de la santé planétaire, le problème vient surtout de l'extraction (pas toujours très propre), de l'acheminement (avec son cortège de marées noires) et principalement de l'utilisation (qui réchauffe la Terre) du pétrole que de son manque prochain. En plus, le pétrole, c'est renouvelable, quelques millions d'années (avec une vie abondante et des conditions appropriées) suffisent à refaire le stock. Et puis, au niveau des sources d'énergies, n'oublions pas que l'uranium lui aussi s'épuise à grande vitesse, et y'a pas un seul vert pour râler, pourtant le combustible nucléaire n'est même pas renouvelable !

Alors, pourquoi donc commencer par l'épuisement des ressources ? Il s'agit effectivement d'un problème écologique, car même si ne plus avoir de pétrole/lithium/uranium ne posait que des problèmes économiques à l'homme (donc en oubliant les gaz de schistes, par exemple), l'origine est bien environnementale (on n'a qu'une planète, et c'est elle qui nous fournit tout). Et j'ai personnellement choisi de commencer par ça, parce que l'existence d'un problème est indéniable, même pour des personnes pro-libéralisme-économique et se fichant totalement du salar d'Uyuni (un site exceptionnel menacé par nos besoins en batteries à durée de vie éphémère) avec lesquelles j'ai pu discuter, et qu'il me semble à la fois particulièrement proche et singulièrement ignoré. Prenons par exemple le pétrole : nos économies en sont étroitement dépendantes, ce qui fait que les crises suivent les hausses de prix. Et celles-ci engendrent dans leur cortège de nombreux problèmes : inégalités, injustices, et à terme, intégrismes et guerres. Il est à noter d'ailleurs que l'argent du pétrole finance l'intégrisme islamique. Vous ne voulez plus d'attentats terroristes ? Pensez-y la prochaine fois que vous ferez le plein !

La solution passe-t-elle par changer de source d'énergie ? Eh bien, j'ai une triste nouvelle à vous annoncer : l'uranium est également une ressource proche de la pénurie et le renouvelable n'est pas suffisant pour se baser dessus sans repenser la société. Quant à la fusion nucléaire, c'est pas pour demain. En fait, la seule solution pour remplacer le pétrole dans les 50 prochaines années (peut-être que d'ici là, on aura réussi à faire des centrales à fusion), c'est le charbon... mais le charbon, c'est cracra !

Ajoutons à cela que l'énergie n'est pas la seule chose dont nous risquons de manquer, même si le problème est le plus crucial : on n'a actuellement aucune solution pour remplacer le lithium, le coltan et les terres rares, indispensables pour nos joujoux électroniques fonctionnant sur batterie (y compris les vélos électriques censés être écologiques). Bref, la décroissance, on n'y échappera pas. La question, c'est de savoir si on choisit de changer de système économique le plus vite possible, ou si on laisse la moitié du globe crever de misère pendant qu'on continue de croire que l'économie peut défier les lois de la physique (notamment en postulant de la faisabilité d'une croissance infinie dans un monde fini).

Nous avons parlé des limites en ressources de notre planète, nous pouvons parler maintenant de ses limites en superficie. Certains d'entre vous pensent sûrement que là, c'est bon, on a de l'espace, vu la superficie des zones encore peu habitées. C'est exact, mais si elles sont inhabitées, ce n'est pas pour rien, et survivre en Antarctique dans un monde manquant cruellement d'énergie, ça ne fait pas envie... Le problème se pose aussi à un niveau bien plus local. En France, où la densité de population n'est pas si élevée, nous sommes pourtant en plein dedans, en particulier aux abords des grandes villes. Les gens veulent vivre dans des maisons individuelles et pas dans des cages à lapins, c'est compréhensible. Donc la ville s'étend. Elle prend sur les terres agricoles. Déjà, c'est un petit peu embêtant, parce que c'est quand même 74 000 hectares qui disparaissent chaque année en France... Les zones qui restent vides sont celles qui sont classées au titre de la protection de la nature. Et puis, comme il faut "désenclaver" le territoire, les élus décident de la construction d'un aéroport, d'une autoroute ou d'un périphérique. Ils choisissent pour cela... les zones protégées ! Il faut bien avouer que s'ils voulaient mettre leur projet bruyant en pleine ville, il y aurait bien plus de monde pour gueuler qu'en détruisant notre patrimoine naturel.

Pour résumer la situation, d'un point de vue planétaire, nous avons un quadruple problème sur les terres arables :
  • il y a de plus en plus de personnes sur Terre à nourrir ;
  • il y a de moins en moins de terres disponibles pour l'agriculture : l'érosion (souvent liée à des techniques modernes) prélève sa part, tout comme l'urbanisation, et l'agriculture conventionnelle épuise les sols. La culture sur brûlis (quand on massacre la forêt équatoriale pour mettre des champs) n'est que temporaire, les sols sont ensuite inutilisables ;
  • plus la proportion de viande est importante dans l'alimentation, plus la quantité de terres agricoles nécessaires est grande (car elle sert à nourrir les animaux qui nourriront l'humain, il y a donc une perte). Et la tendance est, mondialement, à manger plus de viande ;
  • l'agriculture intensive est fortement dépendante du pétrole.
Une petite note d'espoir cependant : en faisant un peu d'effort sur la viande, nous pourrions tous manger bio... Heureusement, parce qu'il faudra pas compter sur la pêche pour se nourrir : en extrapolant sur les courbes actuelles, il n'y aura plus un seul poisson dans la mer en 2080. Bien entendu, on ne peut extrapoler ainsi, quand le poisson se raréfiera, ça coûtera trop cher de le chercher, et on devrait cesser de pêcher avant d'avoir tout pris. Ce qui signifie quand même qu'on ne mangera plus de poisson sauvage avant 2080, ou alors qu'il coûtera très cher...

Un personnage : James R. Wing, magnat du pétrole
James est l'héritier d'une grande famille texane dont la richesse est bâtie sur le pétrole. Il a lui-même investi dans le gaz de schiste, et l'entreprise familiale est prospère. L'implication de James R. en politique le prédestine à briguer un jour le poste de gouverneur (républicain, ça va de soi). Bref, tout irait bien si son idiot de fils, James W., ne s'était pas amouraché d'une petite écologiste à la fac. Depuis, il porte les cheveux longs, refuse de manger de la viande et commence à s'intéresser aux idées démocrates ! Le problème pour James R. n'est pas seulement le risque de ne plus avoir de successeur, c'est que son fils en sait beaucoup plus qu'il ne devrait pour un sympathisant écologiste ! James R. n'a qu'une solution : ramener son fils dans le droit chemin. Pour cela, il faut que James W. se fâche avec sa petite amie, et de préférence aussi les amis de celle-ci. Probablement qu'avec ses contacts, James R. devrait pouvoir réunir une équipe assez fine pour faire le boulot sans qu'on puisse remonter jusqu'à lui.

Le déclin de la biodiversité

En France, plus de la moitié de ces terres si riches sur le plan biologique – marais, fagnes, tourbières, prairies mouillées – ont été drainées en cinquante ans. Le ministère de l’Écologie s’est fait une spécialité de colloques où l’on compte une à une les surfaces mortes. En résumé express, du béton, beaucoup de béton au profit d’un maïs assoiffé, subventionné, bourré de pesticides, au détriment des genettes, des martins pêcheurs et des milans noirs. - Fabrice Nicolino, Charlie Hebdo du 24 septembre 2014

 Je vais commencer par une anecdote personnelle. 1992, année du sommet de la Terre à Rio. L'écologie devient tendance. Lors de réunions plus locales en lien avec l'événement, j'entends une phrase : "Il faut que le public prenne bien conscience que l'écologie, ce n'est pas que les petites fleurs et les petits oiseaux". Quelques années plus tard 1997 ou 1998, au sein d'une association naturaliste, un membre s'exclame : "Ce serait bien de rappeler que l'écologie, c'est aussi les petites fleurs et les petits oiseaux !". Que s'est-il passé ?

Beaucoup de personnes font l'erreur de croire que la protection de l'environnement est un mouvement né en France dans les années 70, en réaction aux centrales nucléaires, mené en particulier par Pierre Fournier, journaliste et dessinateur à Charlie Hebdo. Or, le militantisme est bien plus ancien que ça, et vient en premier des sociétés d'étude de la faune et de la flore. Ces naturalistes étaient les premiers sur le terrain pour constater la disparition de leurs sujets d'études, et fort naturellement, il ont voulu les protéger. Ce fut en premier lieu contre les chasseurs, ce qui a conduit entre autres à la création de la LPO en 1912 et à la mise en réserve des sept-îles. Des années plus tard, les ravages du remembrement et de la pollution ce sont ajoutés aux méfaits de la chasse. Le livre Printemps silencieux de Rachel Carson a contribué à éveiller les consciences écolo dès 1962, en montrant comment les oiseaux disparaissaient du fait des pesticides.

Mais voilà, protéger les animaux, c'est un peu comme le jeu de rôle, ça ne fait pas bien sérieux, et ce n'est pas là-dessus que l'écologie a gagné des points dans l'opinion publique, d'où cette mise au placard. Sauf qu'on est en train de mettre de côté un grave problème. Certes, il n'est pas toujours facile de convaincre de la catastrophe qu'est la disparition d'une espèce comme la mulette perlière (oui, cette espèce existe réellement, et il y a des gens très intelligents qui prennent sa raréfaction au sérieux), et il ne s'agit pas que des médicaments potentiels qu'on pourrait en tirer, ni même de la satisfaction intellectuelle de savoir qu'elle existe. Non, le problème, avec les écosystèmes, c'est qu'on ne sait pas trop, au fur et à mesure de la disparition des espèces, ce qui peut bien arriver. Or, les écosystèmes, nous en sommes dépendants : pour se nourrir, respirer, la régulation du climat...

Prenons d'ailleurs la mesure de cette disparition des espèces. Les paléontologues proposent de créer une nouvelle époque géologique, l'anthropocène, tout simplement car les activités humaines ont une influence qui sera visible dans les couches que fouilleront les paléontologues du futur (ou les extraterrestres qui viendront visiter notre planète dans des millions d'années), mais le terme est actuellement controversé, certains lui préférant le terme de Molysmocène (âge des déchets). Ça, c'est encore assez mignon. Puisqu'on est dans la leçon de sciences de la terre, je pense que vous vous souvenez de l'existence des ères géologiques : à l'époque où vous alliez à l'école, elles s'appelaient encore primaire, secondaire, tertiaire. La transition entre les ères est liée à une crise, une extinction massive des espèces, qui élimine pour les plus gentillettes dans les 50% des espèces. La plus récente (et la moins meurtrière) a fait disparaître presque tous les dinosaures à la fin du Crétacé, il y a 65 millions d'années. C'était la 5e crise.

La 6e crise, c'est maintenant. Le rythme des extinctions est similaire à celui qui a eu lieu lors de ces crises. Et nous autres humains en sommes les seuls responsables. Est-ce vraiment un problème à prendre à la légère ? Est-ce logique que nos politiciens n'en parlent jamais ? Quoique à la vérité, vu que quand ils nous parlent de réchauffement planétaire, c'est pour relancer l'industrie automobile, c'est pas forcément plus mal s'ils se taisent...

Quelles sont les causes de ce déclin de la biodiversité ? En premier lieu, chronologiquement parlant, la chasse. Elle est la cause de l'extinction du grand pingouin et du pigeon migrateur, entre autres. Aujourd'hui, son influence n'est plus si grande, mais elle ajoute parfois une pression forte sur des espèces déjà en mauvais état. Dans un registre proche, la pêche menace toujours gravement certaines espèces de poissons marins. La pollution, j'en reparlerai plus loin, est également une cause d'érosion de la biodiversité. Un autre facteur très important, c'est la destruction des milieux : par exemple quand on détruit la forêt tropicale ou équatoriale. La crise climatique est également source de pression sur la biodiversité : pour s'adapter aux nouvelles conditions, certaines espèces changent de rythme saisonnier (par exemple, le moment de la reproduction), mais pas leurs prédateurs, qui manquent de sources de nourriture. Des espèces doivent migrer vers les pôles ou en altitude pour retrouver un optimum climatique, mais celles qui sont déjà sur les plus hautes altitudes sont condamnées. Citons également les coraux, qui souffrent de l'élévation des températures marines. Enfin, dans les causes de déclin, n'oublions pas le problème des espèces invasives, celles que l'homme introduit, intentionnellement ou non, dans un milieu, et qui prennent la place des espèces indigènes. Le frelon asiatique est l'exemple qui fait actuellement le plus parler de lui, mais il est loin d'être le seul !

La biodiversité sauvage, c'est une chose. Ce qu'on commence à prendre également en compte, c'est l'érosion de la biodiversité des espèces agricoles. Là, nous ne parlons pas de biodiversité interspécifique, mais intraspécifique, autrement dit le taux de variabilité des gènes à l'intérieur d'une espèce, comme le blé, la pomme ou la vache. De nombreuses races de vaches ou poules ont déjà disparu, parce que pas assez productives ou peu adaptées à l'élevage moderne. Au niveau des plantes, nous sommes passés en quelques décennies d'une situation dans laquelle le paysan créait ses propres variétés à partir de ses récoltes à une production de semences homogènes par quelques entreprises (par exemple Monsanto et Limagrain). La grande famine qui frappa l'Irlande de 1845 à 1848 était liée à la très faible biodiversité des pommes de terres, qui se sont avérées être toutes vulnérables au mildiou. Nous sommes actuellement exposés à un scénario similaire, et les OGM ne font qu'aggraver le problème, en contribuant à décroître encore plus la biodiversité des espèces cultivées. La biodiversité contribue à la résistance de notre agriculture aux maladies et au changement climatique.

Autre perte de biodiversité méconnue mais peut-être pas anecdotique : sous les coups de boutoir des antibiotiques et de la nourriture aseptisée, notre flore intestinale est elle aussi d'une homogénéité navrante. Bref, nous sommes devenus incapables de digérer comme nos ancêtres. Anecdotique ? Peut-être. Mais des scientifiques songent à un lien entre flore intestinale et allergies...

Un synopsis : trouver le baleinier
Les PJ sont des membres de l'association Sea Shepherd, à la poursuite d'un baleinier japonais. C'est un bon prétexte pour vivre des aventures en mer, avec ou sans dose de fantastique. Le combat final devrait être un peu particulier, puisqu'il s'agit d'une association non-violente, et que les PJ devront à tous prix éviter de causer des dégâts chez les humains en face.

Alternativement, les PJ pourraient être des membres d'équipage de ce fameux baleinier, devant non seulement chasser la baleine, mais en plus faire face à une bande d'huluberlus écologistes, qu'ils devront intimider mais éviter de tuer pour ne pas émouvoir l'opinion internationale. Provoquer un accident mortel n'est par contre pas exclu, tant que la faute retombe sur Sea Shepherd.

Un personnage : Bernard Dugroc, chasseur
Loin de tous les clichés de type "Chasse à la galinette cendrée dans le bouchonnois", Bernard n'est pas un agriculteur, et il n'a aucun ancêtre à sa connaissance qui l'a été. Bernard est un Parisien, un vrai, et la chasse, pour lui, c'est son bol d'air, son retour à la nature, un moyen de promener son 4X4 loin de la pollution. Accessoirement, c'est aussi une énorme source de revenus, car il possède une hutte de chasse en baie de Somme, qu'il loue à l'occasion. Autant dire que Bernard est à l'écoute de l'actualité environnementale, car on ne sait jamais, d'une année sur l'autre, quand les politiciens vont décider de protéger ses revenus à lui, ou quand ils préféreront protéger les oies sauvages et les impôts des français en respectant la fameuse et détestée Directive oiseaux.

Bernard a un petit problème, ce vendredi soir, en arrivant à sa hutte : elle a été cambriolée. Sa télévision a été embarquée, tout comme son frigo et son congélateur. Il pourrait bien appeler la gendarmerie, mais il les pense incapables de faire quelque chose de plus intéressant que verbaliser les honnêtes chauffeurs comme lui pour des dépassements de vitesse. De plus, son congélateur contient quelques specimens d'espèces protégées... Il envisage plutôt de demander un coup de main à quelques connaissances, ou amis d'amis, histoire de retrouver les voleurs, reprendre sa télé, et leur donner une bonne leçon !

Un personnage : Rémi Delasade, naturaliste
Rémi est étudiant en biologie, et passionné d'herpétologie (l'étude des amphibiens et reptiles). Il affectionne en particulier une petite mare du campus où se reproduisent salamandres et tritons. Malheureusement pour eux, ce site vient d'être choisi par des fêtards pour y célébrer la fin de l'année, et ils laissent derrière eux une bonne quantité de cadavres (de bouteilles) et de déchets en tout genre. Rémi a bien tenté de leur parler, mais ils ne comprennent pas le problème. Il lui faut maintenant trouver un moyen de les convaincre de faire la fête ailleurs...

Un décor : une ZAD
Le terme de ZAD vient à l'origine de la zone d'aménagement différé pour un projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes (près de Nantes, nous sommes bien placés pour connaître). Rebaptisée par les occupants "Zone à Défendre", elle est le précurseur de toutes ces ZAD qui fleurissent partout en France, en opposition à des projets controversés sur des sites naturels précieux. L'idée de s'enchaîner à des arbres pour les protéger ne date pas d'hier, mais les zadistes vont plus loin en construisant des cabanes, cultivant la terre, et refaisant le monde par l'expérimentation au sein de leur petite société semi-autonome. Ce microcosme regroupe des gens de tous âges, aux parcours et aux motivations très variés, et aux origines à la fois locales et lointaines - parfois même de l'étranger. La non-violence (à la Gandhi, certains appellent ça du terrorisme) y est la plupart du temps le mode de vie choisi (les "Camille" de Notre-Dame-des-Landes s'étant illustré(e)s par leur nudité face aux CRS), mais des adeptes de solutions plus musclées s'y font également leur place. Difficile de tracer le portrait du zadiste type, mais une chose est sûre : dans la ZAD, on s'entraide, on expérimente une société nouvelle, on débat et on ne reste pas les bras croisés.

Le réchauffement climatique

la crise climatique est la mère de toutes les batailles. Nos civilisations reposent, depuis l’origine, sur une relative stabilité des cieux. Sans la régularité des saisons et des pluies, pas de Pharaons, pas d’Athènes ni de Platon, pas de Rome ni de Cicéron, pas de France éternelle de Dunkerque à Tamanrasset. Fabrice Nicolino, Charlie Hebdo du 3 octobre 2012

Aujourd'hui, on ne dit plus "réchauffement" mais "changement" climatique, parce que les effets de l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère ne se limitent pas à un réchauffement constant et uniforme, mais provoquent un accroissement des phénomènes climatiques extrêmes. Et comme certains se hâtaient de crier au refroidissement à chaque hiver, on a banni le mot réchauffement. Mais personnellement, je suis de la vieille école, et comme la température moyenne de la terre augmente globalement au fil des années, le mot réchauffement me convient bien.

Impossible de parler de réchauffement climatique sans mentionner le GIEC (Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat). Le GIEC est un groupe créé par l'ONU en 1988, qui n'a pas pour but de faire des recherches sur le climat, mais de compiler les publications scientifiques sur le sujet pour en faire un rapport. Les membres du GIEC sont des nations, qui se font représenter par des scientifiques. Ce fonctionnement a été voulu par Reagan et Tatcher, qui craignaient qu'une agence de l'ONU ne soit trop écologiste pour le poste. C'est plutôt positif, car on sait qu'un rapport est adopté à l'unanimité de ses membres, dont l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes, les USA... Le dernier date de 2014 et il est plutôt alarmant, mais il ne serait pas encore trop tard pour limiter le réchauffement à 2°C, à condition de prendre des mesures drastiques pour limiter nos rejets.

Pour les nuls, je résume le problème. Notre planète reçoit les rayons du soleil, ce qui la réchauffe, et renvoie le rayonnement infrarouge vers l'espace. Entre les deux, l'atmosphère capture cette énergie, et c'est ce qui nous permet d'avoir des températures relativement stables et favorables à la vie. Sans l'effet de serre, la température moyenne de la Terre serait de -18°C et non de 15°C. Il existe principalement deux gaz à effet de serre, la vapeur d'eau et le dioxyde de carbone (CO2). Le CO2 est capturé par les plantes pour grandir, et à la mort de la plante, soit le carbone repart dans l'atmosphère sous forme de CO2, soit il va dans le sol, où au bout d'un long processus, il se transforme en charbon et en pétrole. Depuis le début de l'ère industrielle, l'homme utilise le CO2 capturé ainsi dans le sol, ce qui fait que la quantité de CO2 dans l'atmosphère augmente, et donc l'effet de serre s'accentue. C'est super simplifié, mais d'autres sites, comme celui de Jean-Marc Jancovici, vous donneront bien plus de détails si vous le souhaitez.

OK, ça se réchauffe, la belle affaire ! Le petit problème, c'est qu'avec ça, les phénomènes climatiques extrêmes (grosses tempêtes, sécheresses, cyclones...) vont être plus fréquents. L'avantage pour vous, MJ du colloque, c'est que si vous n'êtes vraiment pas inspirés, le scénario-catastrophe est un bon classique. Ajoutons que la mer monte (du fait de la fonte des calottes glaciaires - les glaciers sur les continents - et de la dilatation de l'eau), et certains pays vont voir leur superficie diminuer drastiquement, ce qui fera un paquet de réfugiés à accueillir. Si la France ne peut accueillir toute la misère du monde, elle se doit de prendre sa part, et sa part, le réchauffement global va la faire monter. En dehors de cela, la nature va avoir du mal à s'adapter au changement, et des espèces vont disparaître (voir au dessus le déclin de la biodiversité). Un autre souci, et pas le moindre, c'est que nous avons une agriculture adaptée au climat actuel. Que se passera-t-il avec l'avancée du désert et des régimes de pluviométrie et de chaud/froid très différents ? D'autant plus que nous n'avons pas une énorme diversité génétique des espèces cultivées pour en trouver qui feront face...

Un synopsis : piratage scientifique
Les PJ sont contactés par une belle femme, Rachel Johnsson, pour pirater la boîte mail professionnelle d'une chercheuse en climatologie, Judith Tibbord. Johnsson la soupçonne en effet d'avoir une liaison avec son mari.  Peu après avoir terminé leur travail et avoir transféré à leur employeuse les courriels échangés entre Tibbord et Donald Johnsson, ils découvrent des extraits des échanges publiés dans la presse, montrant une connivence entre Tibbord et Jonhsson pour trafiquer des résultats scientifiques. La police est sur le coup pour retrouver les pirates, et s'ils avaient su que leurs données seraient ainsi utilisées, le tarif aurait été plus élevé à cause des risques encourus. En épluchant les courriels échangés, s'ils les ont gardés, ils constateront qu'une fois les extraits remis dans leur contexte, il ne s'agit que d'un échange sur la manière de mieux mettre les données en valeur pour réussir à publier. Les autres courriels démontrent le sérieux des deux scientifiques. Ils ont un moyen de pression sur leur employeuse, encore faut-il la retrouver, Johnsson n'est en effet pas marié...

Pollution et santé

Or il faut rappeler que les vieillards cacochymes d’aujourd’hui sont nés dans un monde totalement différent. Leurs système nerveux et endocrinien, leur cerveau n’ont pas eu à affronter, au moment de leur assemblage, les millions de molécules de synthèse recrachés par l’industrie chimique jusque dans le trou du cul des abeilles. En vérité, rien n’indique que ceux qui ont bu de l’eau – et du vin – frelatés, bouffé conservateurs et colorants, respiré l’air des villes ou celui de maisons – plus pollué encore – pourront vivre aussi vieux. Fabrice Nicolino - Charlie Hebdo du 28 août 2013

J'ai déjà parlé de la pollution plus haut avec le réchauffement climatique, dont la cause est une pollution (par les gaz à effet de serre). J'aurais probablement dû inclure ce problème dans celui plus global de la pollution, d'autant plus qu'il existe des pollutions sans impact sur la santé ni sur le climat (comme les gaz qui détruisent la couche d'ozone, par exemple - mais c'est un peu du passé). Mais voila, le dérèglement climatique, on en a tant parlé que ça méritait bien un titre rien que pour lui. De plus, mine de rien, les sujets se recoupent beaucoup, alors c'est assez difficile de faire une synthèse avec de gros titres pour séparer les sujets. Par exemple, l'agriculture, au début, j'ai voulu en faire un paragraphe à part juste pour expliquer qu'on allait avoir du mal à manger après-demain. À la place, je vous ai placé ça comme conséquence de la pénurie de ressources, de la chute de la biodiversité et du réchauffement climatique. Histoire de ne pas déroger à la tradition, autant commencer ce paragraphe sur la pollution par... l'agriculture.

Je vais être brute de décoffrage : l'agriculture conventionnelle empoisonne. En premier lieu, les agriculteurs eux-même, pour lesquels a été établi un lien entre leur exposition aux pesticides et la maladie de Parkinson ainsi que certains cancers. Ensuite, l'environnement et les espèces : le DDT a failli faire disparaître le faucon pèlerin, les amphibiens sont actuellement menacés par les pesticides, et enfin les fameuses abeilles sont à la fois victimes de multiples menaces, dont l'agriculture n'est pas la moindre. Or, les abeilles sont indispensables à la pollinisation de beaucoup de produits agricoles, en particulier les fruits et les légumes. Bref, l'agriculture d'aujourd'hui met en péril celle de demain.

Autre poison, celui de l'atmosphère, en particulier urbaine, chargée des émissions automobiles comme de celles des industries. Mais malgré tout, l'air à l'intérieur des habitations est plus pollué que celui à l'extérieur. En cause, on trouve non seulement les produits ménagers, mais aussi les diverses substances émanant des objets du quotidien, comme les meubles, en particulier neufs. Votre consolation, c'est que toute cette pollution reste mineure par rapport à ce que vous ingurgitez volontairement si vous fumez...

Un petit topo sur l'eau ? En plus des pollutions précédemment évoquées, on va pouvoir parler des médicaments. L'un d'eux est particulièrement problématique pour la santé des poissons : les oestrogènes. Eh oui mesdames qui prenez la pilule, pour vous, pisser, c'est polluer. Mais rassurez-vous, d'une part la surpopulation est aussi un problème environnemental, d'autre part, la contribution de la pilule est une source mineure de pollution aux oestrogènes (qui sont d'ailleurs fort bien filtrées par les eaux d'épuration) en comparaison de l'agriculture et l'industrie.

Une autre source de pollution aquatique, c'est encore une fois l'enrichissement par l'agriculture. Ce qui se passe, c'est que l'agriculteur, il met des engrais sur son terrain, il pleut et les engrais vont vers la rivière. Des fois, c'est simplement le lisier qui y va direct, mais l'effet est le même. Et là, certains d'entre vous sont sûrement perplexes : le caca de cochon, après tout, c'est naturel. C'est vrai, et dans le cas de l'engrais, même synthétique, l'effet est le même. On apporte de la matière organique à l'eau, ce que les plantes aquatiques aiment bien, donc elles prolifèrent, et elles deviennent si nombreuses que l'eau perd de sa clarté. Du coup, les plantes qui sont au fond ne voient plus la lumière, elles ne peuvent plus effectuer de photosynthèse, et ne peuvent donc plus oxygéner l'eau. Voilà, je viens de vous expliquer le phénomène d'eutrophisation des cours d'eau, un fléau pour la mulette perlière. Mais pas seulement, car sans oxygène, pour les poissons aussi, c'est la mort. Pour le tourisme en Bretagne également, d'ailleurs, car la baignade dans les algues vertes, ce n'est pas très glamour. Et en plus, c'est dangereux.

Qu'a-t-on d'autre ? Tous les déchets qu'on est incapables de traiter, et dont on ne sait que faire. On envoie nos restes électroniques dans les pays pauvres, pour qu'ils récupèrent ce qu'ils peuvent et s'intoxiquent avec le reste. Nos plastiques forment des îles là où les courants les mènent dans tous les océans. Des îles un peu particulières sur lesquelles ont ne peut pas marcher, mais qui sont quand même bien remarquables... Pour celle du Pacifique nord, elle atteint 5 fois la superficie de la France, ça fait quand même une île sacrément grosse ! Le plastique ça se dégrade tellement longtemps qu'on ne connaît pas très bien sa durée de vie. En tous cas, dans les estomacs des animaux marins, ça vit plus longtemps que l'animal : il n'est pas rare que des tortues marines meurent de faim parce que les sacs plastiques (qu'elle confond avec des méduses) prennent tellement de place dans son estomac qu'elle ne peut plus rien ingurgiter. Regardez ces images, c'est assez parlant...

Le déchet qui nous embarrasse particulièrement, c'est le résidu nucléaire. Tout simplement à cause de la dangerosité et de la durée de vie du bousin. En effet, comment le stocker de telle manière que les hommes du futur ne risquent pas de s'irradier en mettant le nez dessus par le plus grand des hasards sans même savoir de quoi il s'agit ? Est-il vraiment probable que dans 2000 ans, l'humanité se souvienne avoir autrefois recouru au nucléaire ? Imaginons les archéologues du futur découvrant un site de stockage des déchets des centrales. Comment pourront-ils se douter que fouiller ces débris leur vaudront la mort ? MJ, pensez un instant à ces Carter des temps futurs !

Je vous épargne le petit mot sur les nanoparticules pour passer directement à la pollution lumineuse. Si elle n'est pas aussi nuisible à la santé humaine que son alter-ego la pollution sonore, elle a tout de même l'abominable défaut de nous empêcher de voir les étoiles. Elle perturbe également les astronomes, et bien entendu de nombreux animaux, qui sont tous perturbés de ne pas trop savoir quand est le jour et quand est la nuit. Qui n'a pas été surpris après une partie s'étant prolongée dans la nuit d'entendre les merles chanter alors que le soleil était couché depuis longtemps et que l'aube était encore lointaine ? Peut-être est-ce le cas des citadins, puisqu'ils en ont l'habitude, mais à la campagne où la nuit est encore la nuit, le chant du merle annonce l'aube. Mais bon, honnêtement, le plus gros défaut de la pollution lumineuse, c'est qu'elle nous prive du spectacle magnifique d'une nuit étoilée.

On peut difficilement aborder le sujet santé en oubliant le programme REACH, le cheval de bataille de nombreuses ONG durant les premières années de ce millénaire. L'idée est de changer la réglementation européenne pour que, lors de la sortie d'une nouvelle substance (par exemple le bisphénol A), ce soit à l'industriel de démontrer son innocuité pour pouvoir le sortir, et non plus aux ONG de prouver sa dangerosité pour l'interdire. Cela vous semble peut-être logique, mais les écologistes ont dû se battre pour faire admettre simplement le principe (de précaution). Le programme a été édulcoré, mais contrairement à ce qu'on nous serinait à l'époque, il n'a pas non plus tué l'innovation et l'industrie. J'ignore toutefois s'il a sauvé des vies humaines.


Un personnage : Eva Pigeon, militante anti-nucléaire
Bien que comptable de profession, Eva est devenue par passion très calée en matière de nucléaire. Lancez-la sur le sujet, et elle vous en parlera pendant des minutes... 5 à 10 environ, c'est tout ce qu'il lui faut pour expliquer très clairement les concepts que vous aviez trouvé obscurs lors des années lycée. Elle fait profiter une ONG anti-nucléaire de son don pour la vulgarisation, et a été heureuse de clouer le bec à un représentant d'EDF à propos de l'EPR lors d'un débat à la télévision locale. Mais depuis ce jour là, elle trouve qu'il se passe des choses étranges autour d'elle : une fourgonnette qui rôde dans le quartier,  un chat égorgé devant l'entrée de l'immeuble, des va-et-vient de personnages louches à des heures indues, un tag menaçant dans l'ascenceur... Elle est prête à demander de l'aide à n'importe qui. Mais a-t-elle raison de voir là des menaces de la part du lobby nucléaire ? Ne voit-elle pas un complot là où il n'y a que de simples coïncidences ? Mais peut-être que rien de cela ne lui est destiné, et que tout est lié à sa nouvelle voisine... Mais pourquoi ?


L'explosion démographique

Mais 70 millions d’humains supplémentaires peuplent la planète chaque année, et nous serons certainement autour de 9 milliards en 2050. Ce qui est bel et bien une folie de plus, dans une liste sans fin. D’où viendront les céréales ? Les protéines animales ? Quel sort sera fait aux dernières poches de biodiversité ? - Fabrice Nicolino

Nous touchons là un sujet très controversé dans les milieux écologistes. En effet, la démographie galopante concerne les pays les plus pauvres, et ça fait un peu condescendant de leur demander de faire moins d'enfants. D'autant plus qu'une famille moyenne avec neuf enfants en Afrique consomme moins de ressources et pollue moins qu'une famille moyenne états-unienne avec deux enfants.

Je pense que le sujet peut être résolu assez mathématiquement : fixez le niveau de vie désiré, et calculez quelle est la population maximale sur Terre pour que ce niveau de vie soit durable. Par exemple, pour vivre tous comme de riches  Américains, 500 millions est sans doute le maximum que notre planète puisse supporter. Mais pour la sobriété heureuse, on peut sûrement aller jusqu'à un peu plus que notre population actuelle. Selon ce qu'on considère comme le mode de vie souhaitable, nous sommes déjà en surpopulation ou pas...

Bien entendu, vous pouvez aussi détester cette vision un peu traître communiste (probablement mutant en plus), et trouver parfaitement acceptable un monde dans lequel certains vivraient comme des riches américains, et d'autres dans une sobriété plus ou moins heureuse. Du moment que vous êtes dans la bonne catégorie, cela va sans dire !

Un synopsis : stérilisation forcée
Conscient des problèmes posés par la surpopulation, un savant fou décide de résoudre drastiquement le problème pour la génération future. Son plan machiavélique consiste à insérer des images subliminales dans des spots publicitaires pour dégoûter définitivement du sexe. Les PJ seront idéalement des adolescents encore puceaux mais qui ont décidé de perdre leur virginité avant le bal de promo, et qui devront donc arrêter ce savant fou avant que les bimbos et bellâtres du lycée ne soient touchés !

 

Les sujets proches : bien-être animal et humain

Au risque de me répéter, j’ajoute que l’écologie seule est un véritable humanisme. Les autres manières de concevoir notre avenir commun, parce qu’elles fragmentent la réalité, parce qu’elles en nient des pans entiers, sont autant de bombes à retardement. Je ne prétends pas qu’il suffit d’être écologiste pour régler les gravissimes problèmes de notre planète. Ni que cela rend plus intelligent. J’affirme seulement, haut et fort, que la prise en compte des limites de l’aventure humaine - l’écologie - est une condition nécessaire des combats qui nous attendent. Indispensable serait plus juste. Vitale serait encore mieux.  - Fabrice Nicolino


La défense des animaux domestiques n'est pas un sujet écologique : quand on maltraite un poulet ou un chat, on n'altère pas l'environnement. Pourtant, quand j'étais enfant, certains de mes camarades de jeux pensaient que l'écologie, c'était la lutte contre la fourrure ou l'abandon des chiens. Cette confusion vient sans doute de deux convergences : celle des luttes et celle des sensibilités.

La convergence des luttes signifie que certains sujets sont communs entre les deux. Le premier d'entre eux, c'est la chasse, elle a été à l'origine des mouvements de protection de la nature pour éviter les disparitions d'espèces, mais bien entendu les personnes préoccupées par le bien être animal sont souvent opposées à la chasse par principe, même celle d'animaux abondants. J'ai expliqué à plusieurs endroits en quoi il était nécessaire de manger moins de viande (et j'aurais pu le caser à tous les paragraphes) : les végétariens et vegans sont nombreux dans les rangs des écologistes, tout comme des protecteurs des animaux.

Cette convergence n'est pas absolue et certaines divergences existent aussi. Par exemple, il y a quelques années, un groupe d'activistes anti-fourrures ont saboté un élevage de visons en France et libéré tous les animaux. Sauf que les visons élevés pour la fourrure sont des visons d'Amérique, une espèce invasive qui entre en compétition avec le vison d'Europe et contribue à sa raréfaction ! De la même manière, de nombreux protecteurs des animaux s'opposent à la régulation de population des Ibis sacrés, réclamée par les écologistes.

La convergence des sensibilités, c'est le fait que les personnes qui sont sensibles à l'écologie le sont généralement à la condition animale, et inversement. C'est pour la même raison qu'on trouve assez facilement des liens entre écologistes et les mouvements qui combattent les inégalités entre les peuples. Et de la même manière, concernant les droits des peuples premiers, il y a souvent des convergences, comme par exemple avec la lutte contre le barrage de Belo Monte au Brésil, qui menace à la fois la forêt et les Indiens.

C'est de toutes façons assez logique. Les atteintes que l'homme fait à la nature, l'homme en est une victime. Pour quelqu'un d'indifférent au sort de ses semblables, et qui ne s'intéresserait qu'à la nature, il n'a guère de souci à se faire. Une crise d'extinction est toujours suivie d'une prolifération d'espèces, d'une diversité conséquente qui laisse place à un nouveau monde. Si une météorite n'avait pas fait disparaître presque tous les dinosaures il y a 65 millions d'années, l'homme ne serait pas apparu - je précise ici que les dinosaures qui ont survécu sont les oiseaux, et non des hommes politiques. D'ici à quelques millions d'années, soit très peu de temps à l'échelle de temps géologique, la crise écologique sera effacée pour la nature. Le problème se pose surtout pour l'espèce humaine, car pour elle, c'est un temps très long, et si elle y survit, ça fait un paquet de générations qui vont morfler.

Un personnage, Florian Larcher, agent des renseignements
Florian savait très bien que c'était une chose qui pouvait arriver à n'importe quel agent infiltré, en particulier dans ce genre de groupe. Mais il n'imaginait pas que cela pouvait lui arriver à lui. Cela faisait plus de deux ans qu'il travaillait à infiltrer ce groupuscule alter-mondialiste et écologiste aux relents d'anarchisme. Deux ans de travail pour rien. Bien sûr, il était parvenu à entrer dans le groupe et à obtenir leur confiance. Bien en place, il pourrait à tout moment, quand ses supérieurs le lui demanderaient, effectuer une mission dans l'intérêt de la France. Et il pouvait bien entendu communiquer des informations sensibles aux renseignements. Normalement, tout allait bien, mais son devoir était d'abandonner sa mission. En effet, fréquenter ces militants, écouter leurs discours et faire semblant d'être des leurs l'avait amené à adopter leur cause, au fin fond de lui. Et à ne plus être capable de remplir correctement sa mission. Florian devait théoriquement prévenir sa hiérarchie, mais il hésitait. Il pourrait sûrement tenir encore un peu son double rôle, le temps que sa sympathie pour les militants se calme. Mais où irait sa loyauté si la situation devenait critique ?

Et pour un jdr historique ?

Une loi sociale d’airain conduit chaque génération - il y a quand même des exceptions - à penser le présent avec les mots du passé. Sans songer à une exhaustivité impossible, citons les révolutionnaires de 1789, obsédés par l’Antiquité (« Le monde est vide depuis les Romains ; mais leur mémoire le remplit et prophétise le nom de liberté », Saint-Just); ceux de 1917 fascinés par 1789, Thermidor, la Commune; les amis trotskistes d’Edwy Plenel confondant en 1940 la guerre contre le fascisme et l’affrontement entre impérialismes de 1914, etc. Et dans cet et cætera, je m’inclus sans façon. Ma génération politique, celle de l’après-68, a cherché dans de vieilles lunes qui ne brillaient déjà plus - Lénine, Trostki, Guevara, pire parfois - des explications générales du malheur humain. - Fabrice Nicolino

Vous n'avez pas forcément envie de maîtriser dans un monde contemporain, et votre jeu de rôle fétiche, c'est Ars Magica ou Te Deum ? Est-il possible de parler écologie dans un univers historique ? Voici quelques idées.

L'épuisement des ressources

Ce thème n'est pas uniquement contemporain, loin s'en faut. Naguère, cela ne concernait pas le pétrole, mais par exemple des ressources non renouvelables sur un site unique, quand les déplacements sont limités, comme par exemple le silex pour des hommes préhistoriques. Des insulaires peuvent aussi être rapidement confrontés à ce problème même pour des ressources renouvelables, comme par exemple le bois. Il s'agit d'ailleurs de l'une des explications avancées pour la disparition des habitants de l'île de Pâques - même s'il n'est pas certain qu'elle soit valide.

Un synopsis pour Würm
Un clan d'hommes-ours a l'habitude de chasser chaque année à la même époque dans un troupeau de rennes lors de leur migration saisonnière. Mais cette année, un clan d'hommes-longs nouvellement établi a décidé de se servir également dans cette manne. Les hommes-ours craignent que les prélèvements sur leur troupeau soient trop importants pour sa survie à long terme, mais les hommes-longs estiment pour leur part que la profusion de rennes est telle qu'il n'y a aucun risque. Comment les deux tribus vont-elles s'entendre ?

Le dérèglement climatique

Cela fait peu de temps que l'homme modifie le climat et qu'il en a conscience, mais celui-ci a connu des variations plus ou moins importantes et brutales dans notre histoire (sans que l'homme n'y soit pour rien). Un scénario de Würm par exemple se déroule dans un climat bien différent du nôtre, puisqu'à une époque glaciaire. Plus récemment, le peuplement du Groenland par les Vikings est fortement corrélé à son climat, doux au moment de sa colonisation. Faire coïncider un scénario avec un bouleversement climatique demande un travail de documentation, mais peut faire prendre conscience de la gravité du réchauffement actuel.

La découverte du nouveau monde et le massacre des Amérindiens

Est-il utile de  rappeler ces pages très sombres de notre histoire ? Beaucoup de westerns misent sur notre corde écolo, à la Danse avec les loups, il y a là matière à scénario. Pour les adeptes de Pavillon Noir, l'avantage des îles, c'est qu'on a plus vite fait de détruire toute la forêt pour mettre des plantations, et tant pis pour les Caraïbes ou les Arawaks qui y vivaient !



Faut-il oublier le post-apo ?

Les nouvelles sont riantes : l’Agence internationale de l’énergie (AIE), ramassis mondial de productivistes, prévoit une hausse de 37 % de la consommation mondiale d’énergie d’ici 2040, dans moins d’un quart de siècle. Et dans ces conditions, un seul mot s’impose : l’Apocalypse. Demain. Demain matin. Pour tous. - Fabrice Nicolino, Charlie Hebdo du 19 novembre 2014.

L'avantage du post-apo, c'est qu'il suffit que ce soit la crise écologique qui ait déclenché l'apocalypse pour que le scénario soit déjà teinté de vert. Donc franchement, non, le post-apo, il ne faut pas s'en priver, c'est la facilité même !

Et introduire un peu d'écologie dans son scénario en lui-même ? Je vois assez aisément deux thèmes qui seront sûrement cruciaux dans les années qui suivront la fin de notre monde actuel.

Une biodiversité minimale

On peut imaginer que la cause de l'apocalypse ait également atteint les animaux, ce qui pourrait poser de gros problèmes à l'humanité du futur. Que devient l'agriculture si les lombrics ont disparu ? Peut-on continuer l'élevage sans bousier ? Et sans leurs prédateurs naturels, certaines espèces peuvent s'avérer redoutablement envahissantes : les campagnols, criquets ou blattes pourraient bien tout bouffer...

Des objets du passé polluants

Un bon vieux classique, dans le post-apo, c'est de montrer aux PJ un objet du passé. En général, c'est un objet qui leur sert... Mais s'ils tombent sans se douter de rien sur des déchets radioactifs ? Ou sur un bidon de produit chimique hautement toxique ? Ou, tout simplement, sur un désherbant qu'ils auraient malencontreusement laissé coulé sur un des rares champs viables ? Tous les objets du passé ne sont pas glamour, loin de là...

Comment gérer l'écologie dans la fantasy ?

BP et les autres sont autant de Sauron régnant sur Mordor. La seule possibilité qui nous soit laissée est d’aller affronter le monstre en son refuge. La ressemblance entre les feux de pétrole et Orodruin, ce volcan qui sert de forge à Sauron ne vous est-elle pas évidente ? Oui, il faut renvoyer BP et consorts dans les ténèbres extérieures dont nos esprits malades les ont faits sortir. C’est dangereux ? Follement. Aventureux ? Follement. Impossible ? Presque. Mais, voyez, Frodo Baggins y arrive bien, lui. Oui, nous sommes d’accord, il y a Sam. Et Aragorn, et Gimli et Legolas et Merry. Ajoutons Gandalf, sans lequel l’histoire aurait pu tourner beaucoup plus mal. Voyez, oyez, il y a de l’espoir. Il faut s’unir, et marcher. - Fabrice Nicolino

Certains voient dans Tolkien une fable écologiste. Le fait est que, pour changer un peu de nos problèmes actuels, on peut aisément parler écologie dans un monde médiéval-fantastique sans que cela ne corresponde de trop près à nos préoccupations actuelles. En effet, il est plutôt classique de trouver dans les univers de fantasy des êtres vénérant la nature, ou au moins vivant dans un site naturel qu'ils protègent. Mettre en scène des elfes végétariens en conflit avec des humains qui empiètent dans leur forêt est une ficelle extrêmement facile. Peut-être même un peu trop... On peut pour varier un peu faire entrer en scène des Ents ou d'autres créatures dépendantes d'un écosystème menacé.

Parmi les autres thèmes possibles, la magie peut s'avérer être une source de soucis écologiques. Imaginez les problèmes posés par des OMM (Organismes Magiquement Modifiés) : effet imprévu sur la santé, fragilité particulière à une condition climatique ou une maladie (qui produit une famine si toutes les récoltes étaient OMM), ou destruction des abeilles comme dommage collatéral d'une résistance aux insectes ravageurs... De même, les mages peuvent s'avérer être de grands pollueurs, de par leur utilisation de minéraux lourds pour leurs expériences alchimiques, ou tout simplement en balançant des ordures remplies de résidus magiques, propres à provoquer le chaos là où elles aboutissent. Et n'oublions pas ce qui se passe quand un nécromancien relève des cadavres et qu'il les laisse ensuite n'importe où, par exemple près d'une rivière : ça fait une vilaine pollution des eaux !

Synopsis : Parfois, il faut réintroduire des espèces.
Des aventuriers de passage ont courageusement éliminé les trolls qui vivaient dans les montagnes. Cependant, depuis que la menace a disparu, les paysans sont bien ennuyés par une prolifération des gobelins, dont les trolls étaient les prédateurs naturels. Le seigneur décide qu'il n'y a qu'une solution pérenne au problème : il faut procéder à une réintroduction. Il nomme les courageux dont la mission consistera à aller capturer un couple de trolls dans d'autres montagnes et à le ramener dans leur montagne pour qu'ils la repeuplent. Devinez à qui cette mission va échoir ?

L'écologie dans le space-opera

Et maintenant que le progrès a passé ? Eh bien, la région ne peut plus boire son eau, farcie par toutes les molécules chimiques épandues depuis cinquante ans. J’écris cela en pensant aux Chroniques martiennes, livre de science-fiction de Ray Bradbury. Car nous sommes dans la science-fiction, non ? Un pays soi-disant moderne qui ne peut plus boire son eau n’existe plus que dans les romans, non ? - Fabrice Nicolino


Traiter d'écologie dans la science-fiction ne devrait pas poser de problème particulier. Tout ce que nous vivons sur Terre peut parfaitement arriver sur n'importe quelle planète habitée.

Le manque de ressources

Contrairement aux apparences, cela peut arriver même si on a toute la galaxie à explorer. Certaines ressources sont très rares. Des ressources vivantes ou liées à une forme de vie peuvent être inféodées à une planète en particulier - comme par exemple l'épice ou la fleur de Feu Follet. L'enjeu sera alors, si la ressource est renouvelable, de l'exploiter de façon durable. Sinon, de la protéger ou bien d'être celui qui se l'appropriera.

Le déclin de la biodiversité

Un problème que je n'ai jamais vu abordé dans le space opera et qui pourtant pourrait avoir toute sa place, c'est celui des espèces invasives. Enfin du moins si on ne prend pas en compte les espèces intelligentes qui opèrent leur invasion à coup d'armes destructives ou d'un plan sournois - là, ça va, on en trouve dans la SF. Pourtant, en se baladant de planète en planète, les espèces intelligentes devraient théoriquement trimbaler avec eux quelques passagers clandestins, lesquels pourraient redoutablement bien s'adapter à un planète inconnue et ravager son écosystème. D'ailleurs, les introductions volontaires, pour les mondes agricoles, devraient également aller avec leur cortège de problèmes. Certes, des drones peuvent aisément remplacer les abeilles pour la pollinisation, mais comment la plante pourra-t-elle s'associer avec les micro-organismes du sol de cette planète ? Et si on importe les autres espèces nécessaires, ne vont-elles pas perturber toute la nature ? Voilà des sujets fort originaux pour un univers de science-fiction. Parce qu'Ithor n'est pas la seule planète qui craint les espèces invasives...

La surpopulation

Comment imaginer de la surpopulation dans le space opera ? Si une planète est trop pleine, il suffit d'installer la population dans une autre, n'est-ce-pas ? Eh bien, c'est tout de même possible, pour les mêmes raisons que les Parisiens s'entassent sur une superficie ridicule alors qu'il y a tant de place dans la Creuse.
Les ordres de grandeurs des problèmes posés par la surpopulation dans un monde-ruche ou sur une planète telle que Coruscant sont incommensurables. Je n'imagine même pas la quantité d'énergie utilisée juste pour faire venir la nourriture depuis des mondes agricoles, et la quantité de va-et-vient de vaisseaux spatiaux juste pour l'alimentation. Mais le renouvellement de l'air doit également poser problème, tout comme la gestion des pollutions. Bref, nos problèmes à nous, mais à la puissance mille, avec heureusement également une technologie à laquelle nous n'avons pas accès...

Un synopsis : la vie des océans
La planète des PJ est un centre névralgique à forte population, toutes les terres émergées étant occupées par la ville. Le renouvellement de l'air est assuré par le plancton des océans. Mais une catastrophe est en cours : décimé par un mal inconnu, le plancton meurt, et avec lui la respirabilité de l'atmosphère. Selon les calculs, évacuer la planète de ses habitants prendrait au minimum trois ans, et aucun monde n'est prêt à accepter une immigration aussi massive. Voler l'atmosphère d'une autre planète n'est pas envisageable, pas plus qu'importer des bouteilles d'oxygène en quantité suffisante. Pour les PJ des bas-fonds, leur plus grand espoir est d'inverser la mort du plancton, et la première chose à faire de découvrir ce qui le tue. Acte terroriste, maladie naturelle ou pollution chimique ? À moins qu'ils ne trouvent le moyen de quitter rapidement la planète, malgré leur position en bas de la liste des personnes à évacuer.
 

Le retour à la mère

Il s'agit là d'un thème écologiste propre à la science-fiction, et un tantinet classique : les héros arrivent, pour une raison quelconque, à la planète d'où l'humanité est originaire, et découvrent que celle-ci a été si gravement et durablement polluée qu'elle n'est plus habitable. On peut se montrer plus optimistes que WALL-E, et montrer aux héros une planète verdoyante et en apparence paradisiaque. C'est alors en creusant un peu qu'on découvre les déchets radioactifs de la guerre nucléaire (ou d'un complot des robots) qui a détruit la vie intelligente sur la planète mère.


Conclusion

Le thème de l'écologie est vaste, et si j'avais un vague plan en tête en commençant à l'écrire, je ne pensais pas en écrire une telle tartine ! Et le pire, c'est que je ne suis pas sûre du tout d'avoir été exhaustive.

Voici pour conclure le petit cadeau tant attendu : un générateur aléatoire. Il vous donnera assurément une idée de scénario bien assez loufoque pour le colloque !



Yoda

Je me suis donnée pour règle d'illustrer mes billets uniquement avec des images que j'ai le droit d'utiliser, soit du fait de leur licence, soit par accord de leur auteur.
Cet article est une exception. Je pense que la plupart d'entre vous aurons reconnu les auteurs des dessins : Charb, Cabu, Tignous, Honoré et Wolinski ont été abattus ce 7 janvier par des terroristes. Riss a été gravement blessé dans l'attentat, tout comme Fabrice Nicolino de qui j'ai tiré les citations. J'étais une lectrice occasionnelle de Charlie Hebdo, et au moment où j'écris ces lignes, j'ai encore les larmes aux yeux. Ils me manqueront, et c'est pourquoi j'ai voulu, à ma manière, leur rendre hommage dans cet article. Je n'ai pas demandé la moindre autorisation aux ayant-droits, je suppose qu'ils ont des préoccupations plus graves en ce moment. J'ignore quel est le tarif pour l'utilisation d'un dessin dans un article de blog recevant environ 200 visites, aussi ai-je décidé de verser 10€ par dessin sur jaidecharlie.fr, ainsi que tout l'argent que je gagne avec cet article (soit environ 0€, plus ou moins 0 cts).





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L'apocalypse pour les nuls
Zone aéroportuaire défendue, un scénario pour Loups-Garous, les Déchus
Les nains de jardin envahissent les Utopiales - un scénario pour une table ouverte... et très verte !

2 commentaires:

  1. Merci à toi Yoda de m'avoir fait découvrir Fabrice Nicolino en qui je retrouve les termes de mes billets d'humeur que j'écris à l'attention d'un petit groupe de copains. Celui sur la mort de Margerie m'a bien fait rire, j'ai pour ainsi dire écrit la même chose.
    Magi

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    1. C'est toujours un plaisir de faire découvrir à d'autres des personnes que j'apprécie. Fabrice est encore à l'hôpital des suites de ses blessures, et il devrait subir une troisième opération. Autant dire que les messages de soutien comptent beaucoup pour lui, n'hésite pas à en laisser sur son blog.

      Tes billets d'humeur sont privés, ou bien ils sont sur un blog ? Si oui, peux-tu en mettre l'adresse ?

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